Parcours en Data : Mines Nancy /Tsinghua University
Bonjour, peux-tu te présenter à nos lecteurs (ton parcours, ce que tu fais actuellement, …) ?
Je me présente. Je m’appelle Pierre-Antoine Nougué. En ce qui concerne mon parcours scolaire, je suis en dernière année d’études d’un double diplôme entre l’école des Mines de Nancy et l’université de Tsinghua à Pékin. Actuellement, je suis en stage en Data Science à Danone.
Comment as-tu vécu tes années en classe préparatoire ?
La prépa a été une super expérience. J’ai pu poursuivre la classe prépa dans le même établissement où j’ai pu faire mes années de lycée et de collège : j’ai passé 10 ans à Lakanal, 5/2 compté. Lorsque je suis rentré en prépa, il n’y pas eu de changement brutal, je connaissais déjà une partie de ma classe.
La première année s’est globalement bien passée. La deuxième année (3/2) était plus difficile : on se retrouve peu préparé aux devoirs sur table par manque de temps pour s’entraîner en profondeur. J’ai ensuite choisi de faire 5/2, un choix mûrement réfléchi et pour lequel je n’ai aucun de regret. C’est un choix que j’ai fait assez tôt, car je me disais que je voulais être prêt et que pour cela, il m’aurait fallu probablement 3 ans. J’ai vraiment beaucoup aimé ma 5/2, cela a été l’occasion pour moi de mettre en place un vrai plan de travail et de m’organiser de manière très méthodique. En 3/2, à l’inverse, j’étais beaucoup plus éparpillé.
Par ailleurs, en 5/2, j’avais trouvé des motivations pour travailler efficacement : le samedi soir, on faisait une sortie restaurant ou bar et je savais que c’était mon moment de détente de la prépa. C’est donc de loin l’année qui m’a le plus marqué en prépa.
Tu n’as pas trouvé ça redondant ? Tu avais déjà tout vu, donc avais-tu une perte de motivation ?
Dans mon cas, je suis passé de PC à PC* en 5/2 et c’était génial d’avoir une 2ème vision du cours. On était plusieurs dans ce cas et on redécouvrait les cours d’une manière différente. Cela nous a permis d’avoir une vision plus globale, d’être beaucoup plus impliqué et d’être performant sans que cela soit redondant. D’ailleurs, avec les autres 5/2 dans le même cas, on a plutôt bien performé aux concours.
Ce passage en étoile a donc été bénéfique ?
Je pense que oui. Il y a une différence importante au niveau du rythme. On prépare globalement les mêmes concours, mais pas de la même manière. En classe étoile, on se préparait pour les concours X, Mines et Centrale exclusivement, alors que pour la non étoilée, la préparation s’axait plutôt sur les concours Mines, Centrales et CCP. Honnêtement, en 3/2, l’étoile est très difficile, chapeau à eux. Dans l’ensemble, je conseille à tout le monde le passage de classe non-étoilée à classe étoilée sur la 5/2 pour ceux qui le peuvent.
Quelle a été ton impression de la période des concours ?
J’ai fait le choix de passer les concours en province, à Strasbourg chez mes grands-parents, car je trouvais l’ambiance du Parc Floral assez anxiogène. Je voulais être plus tranquille et je préférais être dans des salles de classe : je trouvais cela plus apaisant. Je n’ai pas apprécié les semaines de révision, car elles m’ont paru très longues. Je n’attendais que le dénouement !
Mentalement, ce n’est pas la période la plus simple. Pour nous motiver, on allait à la BU à plusieurs et chacun bossait à sa manière. Seul chez-soi, c’est très dur. Les révisions, de mon point de vue, c’est travailler de façon méthodique, de reprendre les chapitres un par un et les anciens devoirs et sujets « classiques ». Les concours se sont d’ailleurs bien passés, mais la préparation était plus difficile mentalement que la période d’examen en elle-même.
Pour les oraux, c’est l’inverse, la période d’examen est intense. Tu joues ton école sur un oral et les sujets sont très variés. La préparation est moins stressante puisqu’on est en classe et l’ambiance est donc plus détendue. Il est toujours possible de tomber sur des sujets inattendus. Le tout est d’être bien préparé : sûr de soi et mentalement prêt !
Comment as-tu choisi ton école ?
Je visais une école généraliste. Je me suis donc orienté vers une école des Mines ou de Centrale. J’ai choisi l’école où j’étais le mieux classé : les Mines de Nancy. De plus, globalement, ce sont des écoles qui se ressemblent avec différentes filières variées. Elles sont assez équivalentes au niveau des matières enseignées avec quelques spécificités (par exemple la chimie à Centrale Marseille).
Comment se sont déroulées tes années à Mines Nancy ?
Les Mines sont une école d’ingénieur généraliste. Au niveau des cours, la 1ère année, c’est majoritairement du tronc commun avec 30% d’électifs. En 2ème année, on choisit notre département. J’avais choisi le département Énergie mais on a beaucoup de cours au choix. J’avais pris des cours de finance de marché et de VBA par exemple. Cela m’a permis d’avoir des compétences dans plusieurs domaines différents.
Tu savais ce que tu voulais faire ?
Je n’avais pas particulièrement envie de me spécialiser tout de suite afin d’explorer plusieurs domaines. J’ai eu une hésitation entre l’énergie et les mathématiques. J’ai finalement opté pour la première option. Ce choix me permettait de ne pas perdre le côté mathématique, finance et informatique que je voulais conserver grâce aux cours électifs proposés à l’école.
Je veux diriger ma carrière vers la « Sustainability » qui englobe les questions environnementales et sociales, mais aussi des problématiques autour de la santé. J’ai donc pour objectif d’utiliser les outils que sont les mathématiques ou l’informatique pour les appliquer dans ces domaines.
Comment as-tu vécu tes années d’études à Nancy ?
Originaire de la région parisienne, j’avais un à priori sur le fait de quitter Paris pour les études. Finalement, ce fut une excellente surprise. Un avantage important des Mines est la taille des promotions puisqu’on est 140, ce qui donne un bon esprit de camaraderie. En dehors des cours, Nancy est une super ville étudiante, assez grande, avec des soirées dans des bars souvent pleins. Aux Mines, j’ai pu participer aux associations telles que la JE (Junior Entreprise), à la CCE (Course Croisière EDHEC qui fut mon événement favori) et une association humanitaire avec un projet de développement au Burkina Faso. Mon ressenti global est qu’il y avait une excellente ambiance et cela m’a agréablement surpris.
Ensuite, tu es allé à Tsinghua University. Comment ça se passe les cours là-bas ? Qu’as-tu pensé de Pékin et de la Chine en général ?
L’Asie m’a toujours intéressé. J’avais commencé le chinois aux Mines et, parmi les universités proposées, il y avait un partenariat avec l’université de Shanghai Jiao Tong. Néanmoins, le partenariat était toujours en cours de négociation et je ne pouvais donc pas y aller. J’ai vu que des alumni étaient allés à Tsinghua même s’il n’y avait pas d’accord. J’ai ainsi postulé tout seul et l’école m’a soutenu. Ce n’est pas à proprement parler un double diplôme, mais plutôt un second diplôme. C’était un choix risqué, mais payant. L’école m’a bien aidé à atteindre cet objectif.
Comment se passent les cours ?
C’est très différent de la France ! Tsinghua, c’est une université d’environ 40 000 étudiants sur un campus de 400 hectares : c’est immense, c’est une ville ! J’ai été dans le département « School of Environment », c’est-à-dire en Sciences Environnementales, pour un master durant 2 années. Là-bas, tous les cours sont à la carte et tout est en anglais. J’ai par exemple une amie Canadienne qui est dans mon master qui aura le même diplôme, mais nous n’avons aucun cours en commun.
La 1ère année était uniquement composée de cours et en 2ème année, on fait notre thèse de master : le choix du sujet est assez libre. J’avais été pris en entreprise pour réaliser cette thèse (EDF Pékin) en modélisation du prix de l’électricité et risques de marché, mais à cause du visa et du coronavirus, je n’ai finalement pas pu y aller. J’étudie de façon autonome la dérégulation du marché de l’électricité en Chine en parallèle de mon stage en France.
Qu’as-tu pensé de la ville de Pékin ?
Au total, j’ai pu y passer un semestre, car, au début de 2020, j’étais parti en vacances et puis la Chine a fermé ses frontières. Mes affaires sont toujours sur le campus. Ce n’est pas facile de poursuivre ses études à distance, mais j’ai bien profité du semestre sur place : aucun regret de ce point de vue-là. Néanmoins, au début, j’ai dû m’adapter. J’étais le seul de mon école et finalement, j’ai aisément sympathisé avec des étudiants des quatre coins du monde. Au niveau de la vie étudiante, c’est incomparable avec les pays occidentaux par rapport au niveau de vie. On peut aller au bar ou en soirée sans dépenser beaucoup et c’est donc unique en son genre. Par ailleurs, je parlais un peu chinois et j’ai ainsi pu profiter pleinement de l’expérience.
Pourquoi as-tu choisi de t’orienter vers la Data et la Sustainability ?
J’ai toujours été soucieux de l’environnement et de la Planète, et, en parallèle, la Data Science m’a toujours intéressé. Je souhaitais donc croiser ces deux aspects. Je n’avais pas de réelle expérience dans le domaine de la Data Science. J’ai donc choisi de faire un stage pour développer mes connaissances. Chez Danone, j’utilise la Data Science pour comprendre les choix des consommateurs vis-à-vis de leur consommation de liquides (eau, alcool, boissons sucrées, etc …). In fine, cela permet d’améliorer la santé du consommateur.
Peux-tu nous parler des différents stages que tu as faits ?
En 2ème année, j’ai réalisé un stage de 3 mois (difficile à trouver en France, car, à partir de 8 semaines, les entreprises sont obligées de payer un stagiaire) qui était en réalité un Summer en finance au sein de LCH, la chambre de compensation du London Stock Exchange. C’était donc un stage en risque sur les CDS (Credit Default Swap), le produit financier qui avait causé la crise de 2008. Le stage était assez technique. Je l’ai cependant beaucoup apprécié, car il m’a permis de me familiariser avec la finance de marché. Mon rôle a été d’implémenter un nouvel outil de couverture de risque.
J’ai effectué un second stage dans une start-up à Station F au sein de l’Incubateur HEC qui s’appelle Lakaa. Cela m’a permis de découvrir le monde de l’entreprenariat et de travailler dans une petite structure. C’est une start-up qui s’inscrit dans la durabilité qui fonctionne en B2B (Business entre entreprises) qui réinvente l’engagement des entreprises au cœur des territoires via l’organisation d’actions environnementales.
Cependant, à cause du coronavirus et de la difficulté engendrée d’organiser ces événements, l’entreprise a pivoté vers une seconde verticale avec une solution SaaS (Software as a Service), qui consiste en une plateforme permettant aux entreprises de déployer leur stratégie RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) au sein de leur réseau d’enseignes.
Aurais-tu des conseils pour les étudiants préparationnaires ?
Mon plus gros conseil, c’est de ne pas se refermer sur soi-même et de se mettre en compétition avec les autres. La compétition se fait avec la France, mais pas avec sa classe. L’objectif, c’est d’être ouvert, de partager des idées et de travailler ensemble. On s’économise des heures de réflexion parce qu’on peut trouver des solutions à plusieurs. Un autre conseil serait de se faire des moments de détente comme courir après les DS ou sortir le samedi soir par exemple. Cela permet d’avoir une réelle déconnexion.
Enfin, il faut se fixer un objectif parce qu’il important de savoir réellement ce que l’on veut. Globalement, c’est vraiment une super expérience, on apprend plein de choses et on apprend surtout à travailler. C’est très adapté à ceux qui aiment la théorie et cela forme des ingénieurs qui savent faire différentes choses et qui peuvent des idées sur un grand nombre de sujets.
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