Interview avec… Clément, étudiant à l’école des Ponts ParisTech !

Aujourd’hui, nous avons le plaisir d’interviewer Clément Paquier, un étudiant passionné de 21 ans qui vient de terminer sa première année à l’École Nationale des Ponts et Chaussées. Originaire de la région bordelaise et amateur de batterie, Clément nous raconte son parcours impressionnant, depuis ses années de lycée jusqu’à son ambition de devenir un ingénieur spécialisé dans la rénovation et la restauration de bâtiments historiques. À travers cette interview, découvrez les défis et les réussites de Clément, ses choix académiques, ses expériences de stage, et ses précieux conseils pour ceux qui souhaitent suivre un chemin similaire. Plongeons dans son histoire inspirante.

 

Peux-tu te présenter ?

Salut ! Je suis Clément, j’ai 21 ans et je viens de finir ma première année à l’Ecole Nationale
des Ponts des Chaussées. Je suis originaire de la région bordelaise et je joue de la batterie.
Mon objectif de carrière est d’être un ingénieur de génie civil spécialisé dans la rénovation et
la restauration de bâtiments historiques.

 

Comment s’est passé ton parcours au lycée ?

J’ai eu un parcours lycée assez classique, je suis passé par le lycée publique le plus proche de chez moi et j’y ai passé mon bac avec spécialité Maths Physique et option Maths Expertes (quasi obligatoire si on veut rentrer en prépa). Ma troisième spécialité en classe de première était SES parce qu’à l’époque, j’ai eu une petite hésitation entre prépa scientifique et prépa commerce, mais au final le choix de la prépa scientifique s’est imposé comme une évidence. Il faut quand même préciser que j’avais le profil de “l’intello”. J’ai toujours eu d’excellentes moyennes au collège/lycée et j’ai eu mon bac avec 18,04 de moyenne.

 

Tu as choisi la prépa, pourquoi ce choix ?

J’ai eu la chance d’avoir un père qui a fait une prépa commerce. C’est lui qui m’a fait connaître ce système typiquement français qui permet d’accéder aux grandes écoles, à condition de faire preuve de volonté et de disposer de ressources de travail conséquentes. J’avais envie d’intégrer une grande école qui me permettrait de réaliser mon rêve de carrière. La question qui s’est posée pour moi était de choisir la filière de prépa : MPSI, PCSI, ou PTSI ? À l’époque, mon professeur de mathématiques de terminale m’a conseillé la PTSI pour trois raisons :

  • La première est que c’est la voie royale pour intégrer les Arts et Métiers, une école d’ingénieurs réputée qui correspondait parfaitement à mon projet professionnel. Intégrer les Arts est vraiment accessible via la filière PT. Cette raison est importante car la prépa est exigeante : tous ceux qui y entrent ont été excellents au lycée, mais beaucoup échouent à obtenir l’école qui leur convient en prépa. Il est quasiment impossible de prévoir si un bachelier réussira ou non en prépa car chacun réagit différemment à une telle quantité de travail. C’est un défi à relever.
  • La deuxième raison est que c’est une voie assez sous-estimée, donc stratégique. En effet, pendant que les meilleurs élèves se confrontent dans les concours MP pour les meilleures écoles, les élèves de PTSI ont généralement moins l’ambition des grandes écoles ou n’ont pas été acceptés en MPSI/PCSI sur Parcoursup. Ainsi, comme il s’agit d’un concours, il est plus facile de se hisser au sommet de la filière PT que de la filière MP ou PSI. Attention cependant, car en PT il y a moins de places dans les très grandes écoles comme les Ponts : moins de concurrence, mais aussi moins de places, c’est un pari à faire.
  • La troisième raison, un peu moins cruciale mais néanmoins importante, concerne les avantages offerts par les modalités de la banque PT. Plutôt que de passer les écrits de Centrale d’un côté, Mines-Ponts de l’autre, puis CCIMP, en PT il n’y a qu’une seule banque d’épreuves (3 de Mathématiques, 3 de Physique, 3 de Sciences Industrielles, 2 d’Anglais, etc.) et les différents concours se distinguent uniquement par les coefficients qu’ils attribuent à chaque épreuve. Même chose pour les oraux. Cela réduit considérablement le stress des concours, car il n’y a pas de sujet “type Centrale” ou “type X-ENS”, tous les sujets sont du type “Banque PT”.

Par la suite, tu décides de faire la prépa Gustave Eiffel, peux-tu nous la présenter ? Comment cela s’est passé pour toi ?

Le lycée Gustave Eiffel est un bon établissement de Bordeaux, bien qu’il ne soit pas le meilleur. Je l’ai choisi parce que c’était le seul qui possédait une filière PTSI/PT. Au final, j’ai eu une expérience en prépa assez similaire à celle de mes camarades aux Ponts : des nuits courtes, des soirées entières passées à l’étude, des week-ends entiers à la bibliothèque universitaire, des devoirs surveillés et des colles en abondance. Pendant ma prépa, j’ai vraiment dit adieu à toute vie sociale. J’ai peu vu ma famille, je n’ai pas quitté Bordeaux pendant deux ans (sauf pendant l’été) et je n’ai participé qu’à une dizaine de soirées alcoolisées en cumulé. Une vie de moine, mais cela en valait la peine !

J’ai été major de ma classe en PTSI et j’ai fini dans les trois ou quatre premiers de la classe PT* (inclus les 5/2). J’ai terminé 31e au concours Mines-Ponts, ce qui m’a permis d’intégrer l’École Nationale des Ponts et Chaussées. Pour ce qui est de mes camarades, trois sont partis à CentraleSupélec, un à Centrale Lyon, trois à Saphire (la filière SI de l’ENS), un à SupOptique, entre vingt et trente aux Arts et Métiers, et les autres sont dispersés ou ont choisi de refaire une deuxième année (5/2).

 

Comment tu t’es préparé aux concours ?

La préparation aux concours commence dès le premier jour en prépa (ou presque). Ce qui est indispensable, c’est de rester à jour sur les cours pendant les deux ans afin de pouvoir intégrer et surtout comprendre les notions enseignées ! Une fois que les notions sont comprises, le reste consiste essentiellement en des révisions et des exercices types à maîtriser. Les exercices difficiles découlent de toutes les connaissances acquises et maîtrisées méthodiquement.

Ma méthode consistait à créer des fiches. Mais pas des fiches classiques qui récapitulent le cours, plutôt des “méga fiches” qui, loin d’être synthétiques, représentent un nouveau cours parfaitement expliqué par moi et pour moi sur une notion en particulier. L’avantage était double : d’un côté, fabriquer une fiche claire et structurée m’obligeait à parfaitement comprendre mon cours, et de l’autre, je disposais d’un document à la fois exhaustif et hyper clair qui me permettait de réviser rapidement une notion vue il y a longtemps. Ces méga fiches ont remplacé le cours écrit en classe et ont été mon unique support de révision pendant mes trois semaines de préparation aux écrits, puis pendant la préparation aux oraux.

Pour la préparation aux écrits :

Évidemment, il faut commencer la période de révisions sans aucun retard sur les cours, car trois semaines suffisent pour réviser, mais pas pour apprendre de nouvelles notions. J’ai logé chez les parents d’un ami, et je trouve que deux personnes est le nombre idéal pour se motiver sans se distraire. Le réveil était matinal, avec une révision des cours toute la matinée, suivie d’exercices l’après-midi (sur le cours vu l’avant-veille pour réactiver la mémoire). Après le dîner, c’était français puis vocabulaire d’anglais, sans oublier une petite sortie quotidienne pour s’aérer l’esprit et éviter de sombrer dans la folie. Nous avons même ajusté progressivement notre heure de réveil jusqu’à celle des écrits pour habituer notre horloge interne à être au maximum de ses capacités lorsque nous serions devant nos copies.

Pour la préparation aux oraux :

Le piège dans lequel trop de gens tombent lors des oraux est de se relâcher, mais j’ai fait exactement le contraire. J’ai terminé mon TIPE et j’ai fait autant d’annales d’exercices d’oraux que possible (trop, ce n’est jamais assez).

Comment as-tu fait ton choix d’école après les concours ?

Mon projet professionnel dans le génie civil étant assez clair, mon choix s’est rapidement orienté vers les écoles les plus prestigieuses dans ce domaine. Pour faire simple, les meilleures écoles accessibles en filière PT sont Polytechnique, Mines Paris, Ponts et CentraleSupélec. N’étant pas admissible à Polytechnique, et sachant que l’École des Ponts est supérieure aux Mines et à Centrale en génie civil, l’École des Ponts s’est imposée comme le meilleur choix pour moi.

Penses-tu que tu aurais pu réussir en ayant suivi un autre parcours ?

Sans la prépa ? Impossible. Ce genre d’écoles n’est accessible que par les classes préparatoires, et les admissions sur titre (AST) sont assez rares aux Ponts. Intégrer une prépa a sans doute été le meilleur choix de ma vie. La seule question qui persiste est : “Est-ce que j’aurais mieux ou moins bien réussi si j’étais allé en filière MP plutôt qu’en PT ?” Cela, personne ne le saura jamais. Mais dans tous les cas, la seule école que j’aurais préférée aux Ponts est Polytechnique, ce qui est compréhensible. Donc, si mon choix juste après est l’École des Ponts, je pense m’en être plutôt bien sorti.

 

Quels sont les domaines de prédilection et les matières enseignées à l’école des Ponts ?

Sans surprise, c’est le département Génie Civil et Construction qui offre l’enseignement le plus poussé, car il s’agit de la filière historique de cette ancienne école. Cependant, ces dernières décennies, l’École des Ponts a également acquis une solide réputation dans les domaines de l’économie et de la finance. Mais les Ponts restent avant tout une école généraliste : elle propose un tronc commun solide comprenant des mathématiques avancées, de l’économie et de la mécanique, pour ne citer que quelques exemples. Les électifs proposés sont encore plus variés, couvrant des matières allant de la physico-chimie à la décision dans l’incertain, en passant par le calcul informatique et les matériaux intelligents.

 

L’alternance est-elle possible ?

Pas à ma connaissance. Ceux qui intègrent l’École des Ponts le font soit par le cycle ingénieur classique après une prépa, soit par un master spécialisé.

 
 

Quelles sont les opportunités professionnelles offertes en sortie ? Les alumnis sont-ils proches de l’école et y a-t-il un réseau des alumnis ?

Les opportunités professionnelles sont formidables ; aucune porte n’est fermée quand on a fait les Ponts ! On peut travailler dans les secteurs de la construction (évidemment), de l’énergie, de l’industrie, de la finance, etc. L’École des Ponts est avant tout une école généraliste.

Un petit mot pour ceux qui sont intéressés par l’architecture : l’École des Ponts a des accords avec deux écoles d’architecture (l’EAVT à Champs-sur-Marne et Malaquais à Paris). Ces accords permettent aux étudiants de la filière Génie Civil et Construction de remplacer certains cours des Ponts par des cours d’architecture dans ces écoles. Ainsi, ils peuvent acquérir les bases d’une licence en architecture, puis entrer en master d’architecture après l’obtention du diplôme des Ponts, obtenant ainsi un diplôme d’architecte en plus du diplôme d’ingénieur. Pour ma part, c’est la voie que j’ai choisie et je suis très heureux qu’elle existe.

En ce qui concerne le réseau des alumni, il est très présent et offre de nombreuses possibilités pour créer des réseaux, rechercher des stages, obtenir des conseils professionnels, etc. Ils ont une forte présence auprès des élèves : soirées métiers, afterworks des jeunes anciens, parrainage des élèves étrangers. La Maison des Ponts, un hôtel particulier dans le 16ème arrondissement de Paris, représente une adresse de prestige pour accueillir toutes les activités des adhérents de l’association des alumni des Ponts. En tant que membre du BDE des Ponts, nous avons été invités à boire un verre avec le nouveau président des Ponts Alumni pour discuter de l’avenir des relations entre élèves et anciens élèves.

Comment se déroule la vie associative de l’école ? L’école est-elle bien localisée ?

La vie associative des Ponts est très dense : WEI, bars, campagnes, soirées internes, foyers, voyages organisés par le BDE, soirées dans des boîtes privatisées à Paris, Gala, rencontres sportives avec les autres grandes écoles parisiennes, Cartel des Mines, et bientôt la première édition du Téléponts, un tournoi sportif sur le campus des Ponts axé sur la sensibilisation au handisport. Mis à part les rencontres inter-écoles, l’ensemble de la vie associative est concentré sur le campus de l’école à Champs-sur-Marne, à deux pas de l’arrêt Noisy-Champs du RER A, soit à 30 minutes du centre de Paris. Comparé à nos voisins du plateau de Saclay et à leur 1h20 de bus + RER B pour aller à Paris, c’est un avantage conséquent ! De plus, l’ensemble des 200 élèves de première année ont leur place dans la résidence attitrée située à 20 mètres des Ponts, ce qui est excellent pour créer une cohésion de promotion.
 

Par rapport à l’ouverture internationale, l’école des Ponts est-elle bien représentée (double diplômes, échanges etc.) ?

L’école s’efforce de placer la mobilité internationale et les compétences interculturelles au cœur de la formation d’ingénieur. Voici quelques chiffres clés :

Au final, que retires-tu de ton expérience à l’école des Ponts ?

Avec cette première année à l’École des Ponts, j’ai découvert la vie associative dans une grande école d’ingénieurs française. J’ai participé aux campagnes, aux compétitions sportives, aux soirées, aux voyages, et je me suis créé des souvenirs incroyables. J’ai hâte de commencer ma deuxième année et de me spécialiser en génie civil et construction.

 

Peux-tu nous parler des différents stages que tu as fait ? Comment les as-tu obtenus ?

J’ai pris l’habitude de toujours travailler pendant mes vacances d’été, ce qui me confronte à la vie réelle en entreprise et enrichit mon CV avec des expériences valorisables.

L’été entre ma sup et ma spé, j’ai travaillé en CDD à la caisse chez Kiabi. J’avais simplement postulé, et ils m’ont pris parce qu’ils avaient besoin de personnel.

L’été entre ma spé et ma première année aux Ponts, le père d’un ami m’a proposé de travailler un mois dans son agence d’Eiffage Énergie Systèmes. Mon rôle consistait à optimiser leur méthode de réalisation des bilans d’exploitation mensuels de centrales photovoltaïques. L’ancienne méthode reposait sur des tableurs Excel remplis manuellement, et ils avaient besoin d’une méthode optimisée et automatisée pour s’adapter à l’Hyperviseur, un nouvel outil de collecte de données.

Cet été, entre ma première et ma deuxième année aux Ponts, je réalise deux stages.

Le premier est un stage humanitaire au Sénégal : nous sommes huit élèves de première année partis travailler comme ouvriers de chantier pour construire deux salles de classe dans le lycée de Nguekokh (au sud-ouest de Dakar), qui accueille les épreuves du bac. Nous avons découvert la culture locale et avons été confrontés au dur labeur des ouvriers de chantier. Ce stage a été rendu possible grâce à l’association Dévelop’Ponts, l’association écologique et solidaire des Ponts. Le pôle humanitaire de cette association a monté ce projet pendant un an en sélectionnant huit candidatures et en encadrant notre récolte de fonds.

Mon deuxième stage a été trouvé grâce à un peu de réseautage auprès des intervenants d’Eiffage, que nous avons rencontrés lors d’un focus métier à l’école, d’un afterwork à Paris et aussi pendant le Gala des Ponts. Il s’agit d’un stage en tant qu’assistant conducteur de travaux chez Eiffage Génie Civil pour le chantier d’agrandissement de l’usine Eurenco, qui fabrique de la poudre à canon à destination de l’Ukraine.

 

Que veux-tu faire plus tard ?

Comme je l’ai mentionné précédemment, j’aimerais travailler dans la rénovation de bâtiments historiques, d’où mon intérêt pour le génie civil et l’architecture. J’ai repéré Eiffage Pradeau Morin, une filiale d’Eiffage Construction spécialisée dans ce domaine. Si je devais me fixer un objectif aujourd’hui, ce serait de travailler là-bas.

 

As-tu des conseils pour les étudiants qui vont devoir faire des choix pour leur liste de vœux en prépa/Parcoursup ?

Pour Parcoursup, j’ai bien peur de ne pas être assez calé, car le choix de la prépa a été assez immédiat pour moi. Cependant, pour les vœux d’écoles sur SCEI, j’aurais quelques conseils à donner :

  • Ne vous fiez pas trop aux classements trouvables sur internet type l’Étudiant, Figaro, etc. Ces classements prennent en compte des critères subjectifs, voire biaisés, car certaines écoles peuvent influencer leur position en versant de l’argent. Pour obtenir un classement plus fiable, je vous conseille de demander à vos professeurs de prépa, qui ont l’expérience.

  • Les classements sont intéressants, mais ils ne déterminent pas nécessairement quelle école est la meilleure pour vous et vos critères. Même si la majorité des écoles se revendiquent généralistes, certaines ont des spécialités propres à prendre en compte. Par exemple, j’ai eu des notes aux concours qui me permettaient d’intégrer soit l’École des Ponts, soit CentraleSupélec. J’ai choisi les Ponts parce que je veux faire du génie civil, mais si j’avais voulu faire du génie électrique, j’aurais sans doute choisi Centrale.

  • Ne surtout pas manipuler votre liste de vœux pour “maximiser vos chances” ! Certaines personnes, lorsqu’elles estiment avoir mal réussi les oraux, mettent en premier choix une école qui n’est pas leur favorite pour maximiser leurs chances d’être admises par SCEI, plutôt que de se retrouver dans une école qu’elles considèrent bien moins bonne. Cette méthode est très dangereuse, car la règle numéro un des concours est que vous ne pouvez pas vous auto-évaluer après une épreuve. Étant donné que vous êtes évalué en fonction des autres et que vous ne pouvez pas anticiper les performances des autres candidats, vous ne pouvez pas anticiper votre note. Un camarade de ma prépa avait mis SupOptique en premier choix, mais son classement a finalement révélé qu’il aurait été admis à CentraleSupélec. Autant dire qu’il était très déçu.

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