Interview avec… Emmanuel, étudiant en alternance à l’ENSTA Paris

Bienvenue à cette entrevue captivante avec un jeune ingénieur travaillant dans le domaine des systèmes complexes, notamment au sein de l’industrie nucléaire. Au fil de cette discussion, nous explorerons le parcours académique et professionnel de notre invité, ainsi que sa passion pour les systèmes complexes et les défis qu’ils présentent. Nous découvrirons comment sa formation à ENSTA Paris et son expérience en alternance l’ont préparé à aborder des problèmes interdisciplinaires et à contribuer à des solutions innovantes et durables.

Nous plongerons également dans des sujets tels que l’importance des systèmes complexes dans le contexte des défis actuels, les opportunités offertes par ENSTA Paris pour combiner l’apprentissage académique avec l’expérience professionnelle, ainsi que des conseils précieux pour les étudiants intéressés par une carrière axée sur les systèmes complexes.

Sans plus attendre, plongeons dans cette conversation enrichissante avec notre invité, qui nous éclairera sur la manière dont il aborde les systèmes complexes et leur impact sur notre société.

 

Pourriez vous présenter votre parcours en quelques mots ?

Il y a quelque temps de cela, j’ai choisi de faire une classe préparatoire, en l’occurrence une classe préparatoire PCSI, PC. Par la suite, j’ai eu l’opportunité d’intégrer l’éminente institution qu’est ENSTA Paris, en optant pour un cursus en alternance. Ce choix implique que ma première année d’études s’est déroulée selon le modèle suivi par les étudiants généralistes, avant que je ne me joigne à une entreprise en qualité d’apprenti. Actuellement, je suis employé au sein de Framatome, une entreprise qui trône en tant que chef de file en France et qui joue un rôle prépondérant à l’échelle mondiale dans le secteur de l’industrie nucléaire.

 

Qu’est-ce qui vous a attiré vers le domaine des « Systèmes Complexes » et comment ce choix s’inscrit-il dans votre parcours académique et professionnel ?

La principale motivation qui m’a animé était mon désir ardent de devenir ingénieur. À l’origine, mon aspiration s’inscrivait davantage dans le domaine de l’aéronautique, nourrissant l’ambition de travailler au sein de prestigieuses entreprises telles qu’Airbus ou Dassault, situées à Toulouse. Cependant, au cours de ma scolarité en classe préparatoire, un dilemme crucial a commencé à se profiler, hésitant entre l’exploration de la recherche en physique fondamentale, en physique des particules, ou encore en physique des plasmas, et l’ingénierie en tant que voie professionnelle. À ce tournant décisif, j’ai eu l’opportunité d’effectuer un stage à la fin de ma première année d’école, au sein d’un laboratoire consacré à l’utilisation de lasers de haute intensité pour l’étude des réactions nucléaires au sein des plasmas. C’est à cet instant précis que j’ai pris conscience de mon attrait pour le domaine nucléaire. Par conséquent, j’ai fait le choix de bifurquer vers l’ingénierie et le secteur nucléaire, intégrant par la suite l’équipe de Framatome dans le cadre de mon cursus en alternance.

 

En quoi le programme de Master en “Fondement des Systèmes Complexes” à ENSTA Paris se distingue-t-il et quels avantages offre-t-il aux étudiants ?

ENSTA Paris propose quatre parcours distincts à partir de la deuxiéme année, à savoir les cursus en Mathématiques Appliquées, en Mécanique, et en Informatique. La filière dédiée aux Fondements des Systèmes Complexes, quant à elle, se voue entièrement à l’apprentissage, constituant ainsi une synthèse de ces trois autres disciplines. Cette formation embrasse une diversité de domaines, dans l’objectif de fournir aux étudiants les compétences nécessaires pour appréhender la gestion de systèmes complexes.

Les avantages de ce cursus sont multiples : il octroie le même diplôme que celui décerné aux étudiants généralistes, permettant ainsi de consolider une expérience professionnelle substantielle. De plus, il prévoit une multitude de cours en commun, même si les élèves ne partagent pas nécessairement la même classe, ce qui contribue à offrir un programme pédagogique homogène. Cette variété de cours offre également aux étudiants une opportunité d’exploration permettant à chacun de découvrir sa voie, même si tous les alternants n’optent pas pour l’étude des systèmes complexes.

 

Pouvez-vous partager des détails sur les ressources et les opportunités spécifiques offertes par ENSTA Paris qui ont contribué à votre succès en tant qu’apprenti ingénieur dans le domaine des systèmes complexes ?

Lors de l’intégration du cursus en alternance au sein de la filière, la première année, ENSTA offre un soutien considérable en matière de développement professionnel. Ce soutien revêt diverses facettes, notamment l’encadrement par un mentor dédié, qui se charge de nous guider dans la définition de nos objectifs professionnels, la rédaction de notre CV, ainsi que la préparation aux entretiens d’embauche, parmi d’autres aspects cruciaux. De surcroît, un accompagnement soutenu est mis en place pour faciliter la recherche d’opportunités d’emploi en collaborant avec les anciens élèves de l’établissement (alumnis) et en exploitant les réseaux de parrainage de promotion de ENSTA Paris, offrant ainsi une précieuse assistance dans la quête de postes en alternance.

 

En quoi ENSTA Paris facilite-t-elle la mise en pratique des connaissances acquises en classe grâce à des expériences professionnelles comme l’apprentissage ?

Au-delà de la formation académique dispensée, il est à noter que des périodes de stage sont intégrées au cursus. Pour les apprentis, une composante essentielle de cette formation réside dans l’accomplissement d’un stage de recherche, soit au sein d’un laboratoire, soit au sein d’un département dédié à la recherche et au développement au sein d’une entreprise. Ensuite, une fois engagés dans le régime d’alternance, les apprentis consacrent un mois sur deux à leur activité professionnelle tout au long de l’année scolaire, en plus de trois mois durant la période estivale.

Comparativement, les étudiants généralistes suivent un cheminement différent. En première année, ils se voient attribuer un stage ouvrier, communément désigné sous l’appellation de “stage opérateur”, dont le lien avec leur domaine d’études demeure limité. En deuxième année, ils s’orientent vers un stage de recherche. Enfin, en troisième année, l’opportunité de réaliser une année de césure est encouragée au sein de ENSTA Paris. Ce dispositif est grandement facilité, et bon nombre d’étudiants optent pour une année de césure, au cours de laquelle ils effectuent des stages en entreprise après leur deuxième année d’études.

Il est à noter que ENSTA Paris offre la possibilité d’intégrer son cursus en alternance dès le départ, mais également de rejoindre le parcours en apprentissage après avoir complété la première année d’études.

 

Vous a-t-on proposé l’année de césure en temps qu’apprenti ?

L’option de césure ne m’a pas été suggérée à l’époque, bien que je sois conscient qu’elle soit envisageable sur le plan théorique. Il convient de préciser que cette année de césure est généralement planifiée après la première année d’études, car il est moins cohérent de l’envisager au sein d’un régime d’alternance. En ce qui me concerne, je n’ai pas ressenti le besoin de recourir à cette possibilité.

Il est important de souligner qu’en vue de l’obtention du diplôme d’ingénieur, il est impératif d’effectuer une période de trois mois à l’étranger. Dans certaines situations, les entreprises offrent la possibilité à leurs employés de réaliser cette période à l’étranger. Cependant, le plus souvent, cela implique une rupture temporaire du contrat d’alternance, durant laquelle l’étudiant est libre de se consacrer à un stage de recherche ou à un stage de fin d’études à l’étranger.

 

Pourriez-vous partager une expérience ou un moment particulièrement enrichissant que vous avez vécu en tant qu’étudiant d’ENSTA Paris, en relation avec votre formation en systèmes complexes ?

À la fin de la période estivale, nous avons été soumis à une évaluation d’une importance considérable. Durant cet exercice, chaque étudiant inscrit au sein de la filière en apprentissage avait l’opportunité de présenter de manière synthétique, en deux minutes, les missions qui lui avaient été confiées au sein de son entreprise. Par la suite, il lui était possible de développer plus amplement les objectifs poursuivis et les outils mobilisés, à travers un poster qui était ensuite exposé devant l’ensemble de la promotion.

Ce moment fut révélateur quant à l’importance de chaque individu au sein de la classe. En effet, il m’a permis d’apprécier la diversité des rôles exercés par mes camarades, une diversité qui s’avérait impressionnante. Plus encore, il m’a fait prendre conscience de la contribution significative de chacun dans le domaine spécifique dans lequel il exerce ses fonctions.

 

Pourriez-vous nous expliquer en quoi consiste votre travail en tant qu’apprenti ingénieur dans le domaine des systèmes complexes, et quelles sont les compétences que vous développez grâce à cette expérience ?

Je suis actuellement employé au sein de l’entreprise Framatome, qui est entièrement dédiée à l’ensemble du processus de construction des centrales nucléaires, depuis leur conception initiale jusqu’à leur démantèlement ultérieur. Au sein du groupe Framatome, mon rôle m’amène à collaborer au sein d’une équipe spécialisée dans la réalisation d’études de sûreté relatives aux réacteurs en cours de construction. Nos activités englobent des études visant à optimiser les performances, ainsi que des études de support en vue des essais de démarrage. De plus, nous sommes engagés dans des projets d’amélioration des réacteurs déjà en fonctionnement.

Quant à mes responsabilités spécifiques, je suis focalisé sur les études portant sur les accidents potentiels, avec une attention particulière accordée au comportement thermo-hydraulique des réacteurs, principalement au sein des circuits primaires et secondaires. L’enjeu majeur réside dans la recherche de méthodes pour maintenir la centrale dans un état stable, tout en limitant la production de rejets radioactifs au-dessous d’un seuil déterminé. Cette démarche implique l’utilisation de logiciels de calcul permettant de modéliser le comportement de l’ensemble du système.

Il est à noter que dans le cadre de mes missions, j’ai eu l’opportunité de travailler sur des projets à l’étranger, notamment en Chine et en Finlande, ce qui a enrichi ma perspective professionnelle.

 

Pouvez-vous partager un exemple de projet ou de problème complexe sur lequel vous avez travaillé, et comment avez-vous abordé sa résolution ?

Au cours de ma première année d’études, notre programme académique nous a conduits à explorer le concept des systèmes complexes au travers de projets d’ingénierie système. À titre illustratif, l’une de nos réalisations a consisté en la conception et la construction d’un robot sumo, suivi de compétitions de robot sumo avec d’autres groupes. Cette expérience nous a permis de mettre en œuvre les principes de l’ingénierie système dans le contexte spécifique de ce système complexe.

Au cours de l’année actuelle, nous avons collaboré en équipes, dans le cadre d’un projet en classe. L’objectif était de concevoir un drone capable d’apporter des solutions médicales lors de situations critiques, telles qu’un malaise survenant au sein d’une fan zone lors d’un événement sportif ou une blessure grave. Cette initiative s’est avérée être une concrétisation tangible des concepts abordés au sein de notre formation.

 

Comment voyez-vous l’importance des systèmes complexes dans le contexte des défis actuels, que ce soit dans le domaine de la technologie, de la société ou de l’environnement ?

Les systèmes complexes se révèlent omniprésents dans divers domaines. Ils représentent en quelque sorte une pierre angulaire dans la gestion des défis contemporains, notamment en ce qui concerne la gestion des déchets. En effet, ces systèmes complexes se posent comme des vecteurs de solutions, que l’on songe à l’application de technologies nucléaires, à l’essor des véhicules électriques, ou encore au développement des réseaux ferroviaires. Cependant, ils portent également en eux des défis substantiels, car ils constituent souvent un contrepoint aux avantages qu’ils procurent.

Prenons le cas du secteur nucléaire, où la gestion des accidents demeure un sujet de discussion brûlant d’actualité. Par ailleurs, dans le domaine de l’ingénierie des transports, qu’il s’agisse de l’aviation ou de l’exploration spatiale, de nombreux défis subsistent, appelant à une gestion avisée. Cette complexité, de mon point de vue, confère un caractère particulièrement intéressant à ces problématiques, qu’il est impératif d’aborder. Les ingénieurs occupent un rôle central dans cette dynamique, bien qu’ils ne soient pas les seuls acteurs impliqués. Ils ont la capacité d’apporter des réponses ou, du moins, de contribuer à la résolution de ces enjeux.

 

A partir de quel moment vous avez compris qu’être ingénieur ce n’est pas seulement s’intéresser à la physique et aux maths mais c’est aussi participer activement à la société de demain ?

Durant ma période en classe préparatoire, j’ai commencé à élargir mon horizon intellectuel en abordant des questions d’une nature plus globale. Bien qu’il soit vrai qu’à première vue, nous avions parfois l’impression d’acquérir des connaissances de manière mécanique et de simplement appliquer des formules, il convient de souligner que notre programme nous incitait vivement à explorer une multitude de domaines. Une fois intégrés dans une école d’ingénieurs, nos horizons se sont considérablement élargis grâce à diverses conférences et à la présence de conférenciers de renom, à l’instar de Cédric Villani. Nous avions la possibilité d’assister à des conférences sur l’ensemble du plateau de Saclay, ainsi qu’à d’autres institutions telles que l’École polytechnique, Centrale ou Télécom. L’objectif était de nous permettre d’entendre ces différents intervenants, de forger nos propres opinions sur des questions variées, et de réaliser rapidement que la profession d’ingénieur ne se résume pas uniquement à des calculs. En réalité, elle englobe des enjeux économiques et environnementaux d’une profondeur bien plus significative.

Lorsque j’ai présenté mon projet professionnel, j’ai été confronté à des critiques concernant mon choix de travailler chez Framatome, motivé par ma conviction que le secteur nucléaire avait un avenir prometteur. À l’époque, on m’a fait part de l’opinion selon laquelle le nucléaire traversait une période de déclin et ne représentait pas nécessairement un secteur d’avenir. Cependant, le temps a montré que ces prévisions étaient erronées.

Il est à noter qu’en école d’ingénieurs, une tendance en faveur du nucléaire était perceptible. Parfois, il était nécessaire d’expliquer, aux personnes extérieures à notre domaine, que les défis liés au nucléaire résidaient principalement dans la gestion des risques, et que nous n’étions pas constamment en train de jouer avec le feu. Ainsi, il fallait régulièrement œuvrer à désamorcer les préjugés à ce sujet.

 

Quelles sont vos aspirations professionnelles futures dans le domaine des systèmes complexes, et comment envisagez-vous de contribuer à des solutions innovantes et durables ?

J’estime que l’engagement dans l’industrie nucléaire ne constitue pas une solution exhaustive en soi, mais qu’il s’agit néanmoins d’une première étape significative. À titre personnel, je prévois de poursuivre ma carrière dans le domaine du nucléaire, vraisemblablement au sein de l’entreprise Framatome. Il est possible que je choisisse de m’orienter vers des structures de moindre envergure, tout en demeurant profondément investi dans le domaine de l’énergie.

 

Enfin, quel conseil donneriez-vous aux étudiants intéressés par une carrière axée sur les systèmes complexes et souhaitant suivre une formation similaire à la vôtre ?

Il convient de ne pas hésiter à saisir cette opportunité ! Il n’est pas nécessaire de passer par la classe préparatoire pour accéder à une formation de cette nature. ENSTA Paris ouvre ses portes non seulement aux candidats issus des concours préparatoires, mais également aux étudiants universitaires, y compris les étudiants internationaux. Cette possibilité mérite d’être sérieusement considérée, car ENSTA constitue un établissement d’enseignement prestigieux où l’acquisition des connaissances revêt une grande valeur.

L’admission à ENSTA Paris se réalise principalement par le biais du concours Mines-Ponts. À l’issue de ces concours, les lauréats ont la possibilité d’intégrer ENSTA Paris, que ce soit dans le cadre du cursus général ou du cursus en alternance. De plus, des places sont réservées aux étudiants universitaires après leur troisième année d’études.

Il est judicieux de mener des recherches approfondies sur les différentes écoles existantes, car elles offrent un éventail de possibilités. ENSTA se démarque en tant qu’institution d’excellence que je recommande vivement.

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